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La Psychologie en Algérie

A quand l’entrée de l’école algérienne dans le XXIe siècle ?

15 Mars 2020 , Rédigé par Haddar Yazid

Monsieur le Ministre  de l’Education nationale

 

L’échec de l’école algérienne est officiellement reconnu. Des raisons sont invoquées pour expliquer cet échec mais, curieusement, le programme dit de «2e génération» n’est pas officiellement incriminé, alors qu’il en contient les graines comme nous l’avons amplement démontré dans nos publications précédentes.

Ce programme qui a été reconduit, répond-il aux normes universelles ? Sachant que l’école du XXIe siècle dans le monde a changé de cap, qu’est-ce qui empêche l’Algérie d’adopter les nouvelles normes ? Qui sont ceux qui, en matière d’éducation, nous interdisent l’accès au XXIe siècle ?

Selon nos informations, le Texte officiel qui régit l’école algérienne du XXIe siècle aurait été défini et rédigé par un certain Sobhi Tawil, représentant de l’Unesco à Rabat. Le programme dit de «2e génération» est en effet une de ses trouvailles. Ce fonctionnaire de l’Unesco puise ses concepts à la source du XXe siècle et plus exactement en 1947 et 1960.

Il s’agit de concepts nés précisément dans des officines d’obédience politique. Dans notre pays, un consensus a été fabriqué autour de ce texte. Incompris de tous, ce texte a été adopté de façon mécanique. La terminologie du représentant de l’Unesco est révélatrice d’une idéologie de domination.

 

Les mesures d’application de ce Texte officiel sont rédigées par des inspecteurs formés par le même représentant de l’Unesco. La lecture de ces mesures d’application met à nu un discours totalement dominé par un chaos conceptuel. La lecture de ces mesures révèle que l’échec de cette école est à l’évidence d’ordre scientifique !

Les manuels scolaires sont élaborés par les «Commissions Nationales des Programmes». Les membres de ces Commissions sont formés par le représentant international. En parallèle, la réussite du projet du promoteur est fidèlement assurée à travers tout le pays par une armée d’inspecteurs formés par des inspecteurs supérieurs en grade, appelés «noyau des inspecteurs», eux-mêmes formés par le représentant de l’Unesco.

Notre système éducatif repose sur des stagiaires ! L’agent de l’Unesco n’a pas oublié de mettre au point des batteries d’évaluations conformes à ses normes, ce qui lui assure le pilotage à distance de cette école pour une durée indéterminée.

Notre école est simplement amputée de son sens ! Tous ceux qui attribuent l’échec de cette école à d’autres causes ne se sont pas donné la peine de lire les instructions imposées aux enseignants. Ces instructions sont un véritable fouillis, un cafouillage, un chaos ! Les professeurs du primaire sont sommés d’appliquer, sans rechigner, ces instructions totalement incohérentes. Sous contrôle serré, ils sont sommés de servir en silence le projet du fonctionnaire international.

Qu’est-ce qui retient l’Algérie pour adopter les objectifs universels du millénaire ?

La transmission aux enfants d’un Capital culturel constitue le premier objectif scolaire de ce siècle. Cette transmission est aujourd’hui dans le monde une tâche régalienne prioritaire, qui est dévolue à l’Etat. Pour la mise en œuvre de cet objectif, l’Europe transmet aux enfants de 3-8 ans 600 œuvres littéraires.
– 300 œuvres aux 3-6 ans ; dont 22 auteurs patrimoniaux, deux anthologies dont l’une de 365 contes ; 54 auteurs classiques ; des recueils de poésies.

– 300 œuvres aux 6-8 ans, dont 57 œuvres classiques ; 22 patrimoniales ; des recueils de poésies.
L’Algérie transmet aux enfants de 3-8 ans zéro œuvre patrimoniale ; zéro œuvre scolastique ; zéro œuvre classique ; zéro œuvre moderne ; zéro recueil de poésies.

 

L’Algérie inculque aux enfants une «Langue simplifiée» produite par les Commissions Nationales des Programmes. Les Commissions étant constituées majoritairement d’inspecteurs ou de leurs stagiaires, on peut affirmer que l’Algérie inculque aux enfants «La langue des inspecteurs». L’inspecteur se substitue au patrimoine et s’impose comme Valeur nationale.

Il apparaît bien que le cœur du problème éducatif en Algérie se situe au niveau de la définition de la langue de scolarisation ! Il n’est pas besoin d’être expert pour savoir qu’un enfant adapté à une langue simple ne peut accéder à la mathématique. Or, plutôt que de corriger cette faute grave sur laquelle repose tout le système, il est question de renforcer le statut de la «Langue simplifiée» par un projet de numérisation et de mise en tablette.

La mort de la «Langue classique et scolastique» est décrétée en 1965 par le premier Texte officiel qui régit l’Ecole nationale. Ce texte est intitulé : «Instructions officielles pour l’enseignement de la langue de conversation».

Le terme «arabe» est radié du titre de ce Texte officiel et radié des pages intérieures ! Les concepts et termes-clés employés dans ce texte sont importés d’un Bureau du ministère français des Affaires étrangères.

Ce texte de 1965 caractérise la mutation historique de notre école. L’Algérie impose par la contrainte une nouvelle langue d’enseignement : «La langue simplifiée» qui se substitue à la langue des écrivains et qui a généré une production industrielle d’un nouveau support : le «manuel scolaire et parascolaire».

Ce support véhicule la langue simple et bourre le cartable des enfants. L’école algérienne est déviée de sa mission pour devenir un «Centre d’adaptation à la langue simplifiée». L’envoyé de l’Unesco se permet d’infliger à l’Algérie ses goûts et couleurs. Il déconseille ou contre-indique l’acte de mémorisation ; alors que l’Union européenne, l’Unesco, l’OCDE affirment que la «mémorisation d’œuvres littéraires» est la voie nécessaire et obligatoire pour la construction d’un Capital culturel !

Le développement de l’autonomie chez l’enfant constitue le 2e objectif de ce siècle. Sa mise en œuvre suppose un réaménagement du mode d’organisation des écoles. L’enquête effectuée en 2018 par l’organisme TALIS (The OECD Teaching and Learning International Survey) révèle une pluralité de voies possibles et de modes de fonctionnement (plus de 200) pour atteindre ce même objectif. Le mode unique d’organisation de nos écoles, hérité du Parti unique, nous interdit d’aspirer au 2e objectif de l’école moderne.

Le 3e objectif porte sur la Construction des fondements de la mathématique chez les 5-8 ans. Cet objectif est techniquement impossible à réaliser dans le contexte actuel, car il dépend des deux objectifs précédents.

Vous conviendrez avec moi, Monsieur le Ministre de l’Education nationale, que des fautes scientifiques peuvent être corrigées sans ambages et sans dommages. Le 17 février dernier à Alger, la Place des Martyrs a été le théâtre d’affrontements inutiles.

 

Par Boudalia Bouchenak Malika

Ancien membre de la Commission Educative installée par
Mohamed Boudiaf

 

 

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