Le « hirak » et puis !
La pause est finie, les manifestants des mardis et vendredis ont repris leur marche hebdomadaire ; désormais, rien ne les arrête. Ni le Covid ni la peur de l'oppression policière ! Les manifesta...
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La pause est finie, les manifestants des mardis et vendredis ont repris leur marche hebdomadaire, désormais, rien ne les arrête. Ni le covid, ni la peur de l’oppression policières ! Les manifestants sont déterminés à conquérir leur liberté. Au bout de deux ans, avec une pause de quelques mois, covid oblige, les algériens n’ont pas baissé les bras. Une soif de remettre le pays sur « les bonnes rails » anime les manifestants ! Refaire « la constitution du 1962 » est une nécessité ! Cependant, la société est belle et bien minée par « le risque vert », c’est-à-dire, la religion-Etat, qui peut se définir, comme un Etat, où les lois sont un pêle-mêle de la religion et de la jurisprudence internationale ! Les limites ne sont pas traçables ni sur les contours, ni sur le fond des lois ! Un vrai bric-à-brac juridique, en conséquence de jurisprudence ! C’est le cas du l’universitaire et islamologue Saïd Djabelkhir, qui a été condamné à trois ans de prison ferme, pour « insulte au prophète » ! Ceci n’est qu’un début !
Revenant à notre sujet. En effet, les revendications hebdomadaires sont résumées à « un état civil et non pas militaire », mais le civil est déjà « miné et polluer » par la pensée et la culture du croyant, qui s’éloigne de la culture citoyen. Après des années de dogmatisation des identités, l’instrumentalisation de la religion par les politiques, renversement de la suprématie des valeurs du citoyen en valeurs du croyant et après avoir vider le système scolaire du libre arbitre, la nouvelle « culture citoyenne » en Algérie est, souvent, prédominée par le nationalisme pour faire durer le « ressentiment colonial » et par la religiosité identitaire et culturelle, qui rendrait la société maîtrisable. Quant à l’Etat militaire, les algériens l’ont déjà vécu (et le vivent encore) ses conséquences. Cette mine, souvent utilisée par les autorités politiques comme moyen de menace sur l’unité de la nation, sera prête à exploser à n’importe quel moment. Car, comme nous l’avons souligné plus haut, tous les ingrédients sont semés pour que la « religion-Etat » soit l’unique marque de fabrication de la culture militaire en Afrique du nord. Qui a deux objectifs, d’une part assurer une pression sur la rive nord, ainsi ils seront les garant de leur stabilité, et d’autre part un moyen de mettre les sociétés du sud sous l’emprise de l’idéologie maîtrisée.
En état actuel, les pouvoirs politiques et militaires n’ont pas réussi à apaiser la rue algérienne. Au contraire, ils sont encerclés par leur propre « logique de développement ». Ils veulent « une nouvelle Algérie » mais avec les mêmes moyens et méthode politiques et les mêmes têtes. Comment voulez-vous rétablir une confiance entre le peuple et le pouvoir politique, au moment que ce dernier continue à ignorer les manifestants ? Aucun dialogue n’a été mis en place afin de trouver une issu à cette crise, cependant, nous assistons à un discours politique que réduit la crise politique à une crise économique et de la corruption ! Le peuple n’est pas dupe !
L’opposition politique, même s’ils affichent une même volonté politique, ils n’arrivent pas à s’entendre pour proposer un consensus politique commun, sur quoi le dialogue peut s’effectuer ! En effet, ce vide politique est de plus en plus remplacé par l’idéologie « religion-Etat », qui selon plusieurs observateurs renforcent ses positions à travers les manifestants et les médias d’opposition. Certes, il n’est plus question de construire une nouvelle république sans eux, mais il n’est plus question d’en faire une où les contours et le fond sont déterminés par leur idéologie ! il est de la responsabilité historique de chacun de prendre les choses dans le bon sens, c’est-à-dire, la volonté du peuple, mais sans la corruption idéologique ou religieuse !
Yazid HADDAR
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