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La Psychologie en Algérie

«Les neuropsychologues formés à l’étranger ne trouvent pas leur place en Algérie»

4 Août 2011 , Rédigé par Haddar Yazid Publié dans #PSYCHOLOGIE

 

 In l(el-watan du 23/072011) Yazid Haddar. Neuropsychologue à I. M. Pro Tourcoing, Lille

Où en est l’adoption de la neuropsychologie en Algérie, notamment dans le milieu hospitalier ?


Je tiens à préciser que la neuropsychologie est une discipline qui connaît, depuis ces dernières années, un développement exceptionnel. Elle influence sur diverses disciplines, de la psychologie à la neuroscience. Elle vise une modélisation intégrée des processus mentaux et des supports neuronaux des comportements normaux et pathologiques. Elle constitue l’un des maillons centraux des sciences cognitives. Son objectif est triple : diagnostic, thérapeutique et cognitif. Pour répondre à votre question, à mes connaissances, la neuropsychologie n’est pas encore opérationnelle en Algérie.
Mme Zellal et son équipe sont les premiers scientifiques algériens qui ont ouvert, avec beaucoup de difficultés, pour 2010-2011, un mastère de neurosciences cognitives à l’université Alger 2.
Il y a des étudiants qui sont largement initiés à cette discipline, néanmoins, il reste beaucoup de choses à faire sur le plan de la formation et des stages.
La formation continue du laboratoire Slancom initie à la prise en charge neuropsychologique. J’y contribue par des conférences régulières. Avec la Société algérienne de neurosciences qui vient d’être agréée par le ministère de l’Intérieur et la revue Sciences de l’Homme du laboratoire Slancom, les progrès vont forcément s’imposer. Cependant, le peu de neuropsychologues formés à l’étranger ne trouvent pas leur place dans les milieux hospitaliers algériens.
Et pourtant, nous avons besoin de cette spécialité dans plusieurs services, en particulier dans les services de gériatrie, qui n’existent pas en Algérie, malheureusement.
J’attire l’attention des responsables sur ce déficit injustifiable dans notre système de santé. Ceci dit, les neuropsychologues peuvent jouer un rôle important dans les services de neurologie, d’addictiologie et les services de pédiatrie, pour les enfants qui présentent des déficits attentionnels, des troubles d’apprentissage et/ou des troubles du comportement. Et enfin, ils peuvent intervenir pour les personnes avec des déficits intellectuels et pour les personnes avec des troubles mentaux (dépression, anxiété, troubles de la personnalité, etc.).


- Quel est son impact sur la prise en charge des patients ?


Prenons le cas des personnes âgées démentes, depuis que les neuropsychologues se sont intéressés à cette catégorie, leur prise en charge s’est nettement améliorée.
Le cas de la maladie d’Alzheimer est flagrant, de l’évaluation à la prise en charge. Lors de ma présentation à l’université d’Alger 2, le 4 juin dernier, j’ai exposé les techniques d’évaluation, mais également les pistes de prise en charge. Le champ d’action de la neuropsychologie peut s’étendre à la schizophrénie, comme à l’autisme, etc.
Mais malheureusement, ces techniques restent inaccessibles en Algérie pour plusieurs raisons. En premier lieu, la formation et les modalités de stage, etc. Cependant, le statu quo de la psychologie en Algérie nécessite un débat approfondi pour que la psychologie et en conséquence le psychologue trouvent leur place prépondérante dans le milieu sanitaire et social en Algérie et pour ne pas céder la place aux pratiques archaïques et charlatanesques, qui prédominent actuellement.  


- Le professeur Zellal plaide carrément pour l’ouverture d’un service de psychologie, (de neuropsychologie et de langage) dans les hôpitaux. Etes-vous de son avis ?


Elle a parfaitement raison. Il est impossible d’imaginer un service à l’hôpital sans les psychologues, car ces derniers jouent un rôle déterminant à plusieurs niveaux du diagnostic, comme je l’ai souligné plus haut, et à la prise en charge.
Les neuropsychologues ont cette possibilité du voyage entre les neurosciences et la psychologie qui permet d’améliorer l’évaluation et surtout la prise en charge, en l’adaptant au contexte socioculturel algérien.
Certes, le corps médical (médecins et autres spécialistes) n’est pas habitué à travailler avec des psychologues, mais chacun peut apporter des supports supplémentaires à la prise en charge d’un patient.

Djedjiga Rahmani
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